Claude by Renucci Pierre

Auteur:Renucci, Pierre [Renucci, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2012-08-14T22:00:00+00:00

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Les peuples germaniques n’étaient pas seuls à exercer une pression sur le Danube. Commun à de multiples nations, ce fleuve traçait une frontière très sensible, qui requérait d’autant plus de vigilance qu’elle se trouvait à proximité immédiate de l’Italie. En 6, la subite et terrible révolte illyrienne avait démontré la vulnérabilité de la péninsule face à ces régions encore mal pacifiées. Il avait fallu trois ans d’une guerre affreuse pour en venir à bout. Mais au moins, l’Illyrie divisée en deux provinces, la Dalmatie et la Pannonie, s’intégrera parfaitement à l’Empire, dont elle deviendra même l’un des plus fermes soutiens. Ses solides populations fourniront d’excellents soldats et à partir de la seconde moitié du IIIe siècle une longue suite d’empereurs qui sauveront l’Empire de l’anarchie militaire et des hordes germaniques.

À l’époque de Claude, l’Illyrie, qui recouvrait en gros l’ex-Yougoslavie sauf la moitié orientale de la Serbie et la Macédoine, ne suscitait déjà plus de difficultés. Depuis plusieurs années la tension s’était déplacée en Thrace, un royaume-client correspondant à la moitié sud de la Bulgarie, à la partie est de la Grèce prolongée par la Turquie européenne. Longtemps Rome n’eut qu’à se féliciter de cet État. Lors de la révolte illyrienne notamment, le roi Rhoemétalcès Ier avait apporté une aide militaire efficace et constante. À sa mort survenue en 13, Rome avait partagé le royaume entre son frère Rhescuporis III et son neveu Cotys VIII. S’estimant lésé, le premier fit alors assassiner le second, dans l’espoir que Rome entérinerait le fait accompli plutôt que de se lancer dans un conflit. Rhescuporis n’eut qu’à moitié raison. Tibère voulait effectivement éviter la guerre, mais il refusait de passer sur un crime qui portait atteinte à son autorité. Aussi fit-il arrêter le roi par ruse avant de l’exiler à Alexandrie, où on finit par l’exécuter. Quant à la Thrace, l’empereur procéda à un nouveau partage au bénéfice des héritiers : une moitié au fils de Rhescuporis, dénommé Rhoemétalcès II, l’autre moitié à ceux de Cotys VIII. C’est ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées. Toutefois, comme les trois garçons de Cotys étaient trop jeunes pour régner, ils furent priés de venir étudier à Rome. On verrait plus tard à qui échoirait la moitié pour l’heure indivise du royaume. À chaque fois qu’il en avait l’occasion, l’Empire formait à domicile les princes alliés qu’il tenait en réserve : c’était la meilleure façon de les acculturer mais aussi de leur faire mesurer la puissance du suzerain. Ils recevaient l’éducation la plus soignée en compagnie parfois de jeunes gens de la Maison impériale. Les fils de Cotys eurent ainsi Caligula pour camarade25, lequel s’occupa de leur trouver un trône quand il fut au pouvoir. En 38 précisément, il octroya la seconde moitié de la Thrace à Rhoemétalcès, auquel on accole le numéro III, afin de ne pas le confondre avec son oncle Rhoemétalcès II qui régnait sur l’autre moitié.

Mais en 45 ou 46, Rhoemétalcès III périt assassiné par son épouse et cousine germaine Pythodoris26. On ignore les motivations de cette dame, mais sa filiation l’explique peut-être27.

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